Dans le secteur très fermé de la défense, c’est un nom qui se chuchote de plus en plus fort : Alta Ares. La jeune startup, fondée en janvier 2024, annonce sa première levée de fonds. Elle boucle un tour de 2 millions d’euros mené par Expansion, et Starburst Ventures, et suivi par Durandal Capital, spécialisé dans la sécurité et la défense, Apeiron, family office londonien, Better Angle, Kima Ventures et Apok Invest.

« Nous avons des solutions qui fonctionnent. Nous avons obtenu la validation du terrain. Notre priorité est donc d’industrialiser ces logiciels au profit des 27 armées européennes et plus globalement auprès de l’OTAN », explique Hadrien Canter, cofondateur et CEO d’Alta Ares. La jeune pousse a été créée sous son impulsion et réunit 4 cofondateurs à ses côtés : Stanislas Walch (ex-top 5 Regulatory), Théo Bondarec (expert en computer vision), Hadrien Bernard (ingénieur software), Alain Henry (ex-IBM). Elle est conseillée par le général de brigade Corentin Lancrenon.

« Agilité, souveraineté et sécurité »

La startup s’est spécialisée dans l’IA embarquée au service des armées. Hadrien Canter et son équipe ont développé leurs solutions en lien avec l’armée ukrainienne et avec les brigades déployées sur le front. « Notre première solution est une IA qui permet d’analyser des pixels en temps réels. Par exemple, pour déceler sur un flux vidéo des véhicules de transport, des troupes d’infanteries », présente Hadrien Canter. « Non pas pour remplacer l’humain, mais pour l’aider à mieux voir. » Ce logiciel, Gamma, peut être utilisé sur tous types de drones. « Ce produit d’analyse vidéo en temps réel est agnostique, c’est-a-dire qu’il n’est pas tributaire d’une marque de drones ou de caméras.»  

Alta Ares a développé une deuxième solution d’intelligence artificielle baptisée Ulix. « Ulix est une plateforme de Machine Learning Operational (ML Ops) », démarre le CEO. « Elle permet de gérer ce qu’on appelle le cycle de vie des données opérationnelles. » Une fois captées par des drones, les vidéos d’un théâtre d’opération son stockées et tombent souvent dans l’oubli. « Ces données sont une mine d’or », relève pourtant Hadrien Canter. Elles peuvent servir à entraîner les algorithmes d’IA et notamment Gamma. « Plus l’IA est proche, dans son contexte d’apprentissage, du contexte opérationnel, plus elle sera performante. Avec cette plateforme ML Ops, nous donnons à l’utilisateur final, non pas le poisson, mais vraiment la canne à pêche pour générer ses propres modèles d’IA à partir de ses données », conclut Hadrien Canter. « Agilité, souveraineté et sécurité sont vraiment les trois mots clés de notre plateforme. »

Gamma et Ulix, les deux solutions d’Alta Ares, fonctionnent en local, de manière totalement autonome sans besoin de connexion internet ni cloud. « Si le drone est sûr, notre IA le sera aussi », développe le fondateur. La transmission vidéo entre le matériel et les équipes est assurée par l’armée. Ulix permet aux régiments d’entrainer leurs données en toute autonomie. Ce sont ces paramètres qui garantissent la souveraineté et la sécurité des données utilisées par les solutions Alta Ares. 

Alta Ares remporte l'Innovation Challenge 2025 de l'OTAN

Alta Ares a remporté l’Innovation Challenge 2025 de l’OTAN, une validation supplémentaire de la technologie développée par la startup. Gamma, le premier produit, a été créé en lien avec les troupes ukrainiennes. Hadrien Canter a passé une partie de son lycée en Ukraine, il en a gardé des amitiés fortes. Après l’invasion russe, en février 2022,  il a vu certains de ses amis devoir prendre les armes. « Il y a eu un choc. Et après, il y a un moment où on se demande comment faire pour les aider ? », raconte l’entrepreneur. 

Ces relations personnelles ont permis à la startup de comprendre un besoin des forces sur place et de pouvoir tester sa solution en conditions réelles. Aves cette première levée de fonds, Alta Ares veut industrialiser ces solutions auprès des armées européennes et de l’OTAN. 

Alta Ares, qui compte une dizaine de collaborateurs, travaille déjà sur la suite. « Sans trop en dire, nous travaillons sur un produit lié à la fusion de données radar, visuelles et acoustique », confie le CEO.